La période de référence statistique pour les saisons cycloniques est un élément important dans la prévision saisonnière et dans l’analyse statistique d’une saison. C’est la moyenne annuelle sur ces 30 ans qui permet de déterminer si la prévision pour l’année à venir sera plus intense ou non que cette moyenne.
1981-2010 | 1991-2020 | Évolution | |
---|---|---|---|
Nombre de tempêtes nommées | 12 | 14.4 | 20% |
Nombre de jours de tempêtes | 59.5 | 69.4 | 17% |
Nombre d'ouragans | 6.5 | 7.2 | 11% |
Nombre de jours d'ouragans | 24 | 27 | 13% |
Nombre d'ouragans majeurs | 2.7 | 3.2 | 19% |
Nombre de jours d'ouragans majeurs | 6 | 7.4 | 23% |
Indice ACE cumulé | 106 | 123 | 16% |
Ce tableau montre l’évolution entre la période de référence précédente et la nouvelle. On voit que l’évolution est très nette et globalement de l’ordre de 15% à 20% selon les indicateurs. La conséquence de cette évolution est importante puisqu’une saison jusqu’ici 15 à 20% plus active que la moyenne devient de fait une saison équivalente à la moyenne. Il est donc opportun de prendre en compte cette évolution dans notre approche des prévisions parce qu’il est fort probable que les médias ne donne pas cette information lorsqu’ils en parlent, ce qui peut fausser notre jugement.
Que dit aussi cette évolution
Au delà du simple aspect de comparaison avec une prévision saisonnière ou une saison en cours, cette évolution est importante dans notre compréhension de l’évolution climatique dans notre zone. Les 10 dernières années ont fait évoluer la moyenne saisonnière à la hausse de manière non négligeable. Il est encore un peu tôt pour en tirer des conclusions sur un lien potentiel entre le dérèglement climatique et l’activité cyclonique moyenne mais on peut noter que jusqu’à présent on avait tendance à anticiper une augmentation de la puissance des systèmes mais pas forcément de leur nombre. Hors, sur ces dernières décennies, ce sont globalement les 2 indicateurs qui ont été à la hausse.
Bien entendu, il faut prendre en compte dans cette lecture des chiffres la réalité des différentes oscillations temporelles régionales ou globales. 10 ans est une période très courte à l’échelle climatique globale et une influence notable de l’oscillation ENSO ou Nord-Atlantique peuvent (entre autres) avoir des effets spécifiques sur une période de 10 ans. Néanmoins la comparaison sur le glissement de 10 ans sur une période totale de 30 ans est déjà un peu plus pertinente et elle nous indique que nous allons clairement dans la mauvaise direction en ce qui concerne l’évolution de la puissance moyenne des systèmes cyclonique mais aussi de leur nombre.
Pour autant, pas de panique !
L’évolution des ces chiffres saisonniers touche l’ensemble du bassin Atlantique tropical et Caraïbe et les petits territoires des Antilles sont marginalement impactés par cette évolution. Comme je le montre dans cet article le territoire des Petites Antilles le plus touché par les cyclones depuis 1950 (la Guadeloupe) n’a été impacté que par environ 1% de l’activité du bassin. Une évolution de 20% de l’activité globale n’aura pas forcément un impact équivalent sur nos îles sur une période statistique d’une ou deux décennies. L’exemple frappant est la saison dernière. Elle a été la saison la plus active depuis 1950 sur pas mal d’indices et pourtant l’arc antillais a été extrêmement épargné.
Il faut bien différencier l’évolution statistique globale du bassin et la réalité quotidienne de nos petits territoires. Un cyclone qui passe sur une de nos îles donnera le ressenti d’une saison très active même si elle ne l’a pas été alors que ne pas être touché par la moindre tempête nous donnera l’impression d’une saison calme même si elle bat quasiment tous les records. Comme la saison dernière !
Sources : Noaa
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