Rappel: les informations et illustrations de ce site ne SONT PAS DESTINEES à la sauvegarde des biens et des personnes vis à vis des risques cycloniques. Pour ça, il vous faut suivre les infos et recommandations de votre préfecture pour la France et des autorités compétentes pour les autres territoires.
Le NHC suit pas moins de 6 systèmes météorologiques sur bassin Atlantique ce soir. C’est une situation extrêmement rare. L’activité de cette saison (en terme de nombre de cyclones) est simplement énorme et supérieure à tout ce que l’on a vu jusqu’à présent (y compris en 2005). Par contre, l’énergie accumulée jusqu’à aujourd’hui est faible et se situe sur ces 3 premiers mois (pourtant très actifs) à un niveau inférieur à ce qu’ont pu générer Irma ou Dorian à eux seuls ! Bref, c’est très actif mais, hormis Laura, peu puissant … espérons que cela continue malgré l’embouteillage actuel. Si l’on tient compte que l’on entre dans la dernière semaine avant le pic d’activité statistique, cet en embouteillage est finalement assez logique.
Sur les 6 système suivis il y a les 2 derniers cyclones nommés (Nana et Omar) qui sont désormais en grosse perte de puissance. Oscar est perdu sur l’Atlantique et nana a pas mal touché Bélize et le Guatemala et va désormais concerner le Mexique en dépression tropicale.
On trouve ensuite une perturbation extra tropicale au NE de Omar qui ne concerne pas grand monde.
La mauvaise nouvelle
Une bonne partie de la complexité de la situation est due à 2 facteurs. D’une part le flot continu d’ondes actives sortant d’Afrique qui amène un niveau de convection important autour du Cap-Vert et d’autre part le fait que les courants directeurs sont peu marqués sur la zone ce qui génère des vitesses de déplacement faibles et parfois un peu différentes. Ca nous mène tout droit à la mauvaise nouvelle qui est liée au fait que les 2 perturbations identifiées risquent d’être amenées à se rapprocher de très très près. C’est une mauvaise nouvelle dans le sens où ce genre de situation est quasiment imprévisible. Les modèles ont toujours eu beaucoup de mal à comprendre et à anticiper ces interactions qui peuvent aboutir à des conclusions totalement opposées. Et lorsque l’on rajoute à ça des vitesses de déplacement lentes, la visibilité devient quasiment nulle. On l’a bien vu ces derniers jours avec déjà 2 situations identiques qui ont mené de NHC à remonter le risque pour au final le ramener à zéro. La perturbation sur le centre Atlantique, par exemple, est suivi depuis quasiment 8 jours, temps durant lequel elle a traversé tout juste la moitié de l’océan ! C’est là aussi très rare.
Cette zone d’activité très dense sur la moitié Est de la zone, les risques d’interactions et les déplacements erratiques des perturbations rendent donc la situation imprévisible, et c’est toujours une mauvaise nouvelle !
La bonne nouvelle
Pour une fois je ne vais pas aborder la question des conditions environnementale favorables ou pas au renforcement. Pour une raison simple : vu la vitesse de déplacement lente de tout ça, elles auront largement le temps de changer avant que les perturbations arrivent entre 50 et 60W .. si elles y arrivent ! Non, cette fois-ci on va plutôt parler de trajectoire.
La situation de la pression en Atlantique nous est assez favorable. L’anticyclone se situe actuellement très au nord sur l’Atlantique, sur 45/50N soit au large de Saint-Pierre et Miquelon. Une dorsale anticyclonique assez faible s’allonge jusqu’au Bahamas.
Cette situation est favorable à l’arc antillais parce que la pression sur la zone de développement majeure est assez basse (inférieur à 1014 hPa) avec un isobare de 1016 hpa le long de 25N. Cette configuration permet normalement aux systèmes cycloniques qui se renforcent de remonter rapidement vers le nord et donc d’éviter l’arc antillais.
Et la bonne nouvelle est que les 2 modèles globaux majeurs (GFS et ECMWF) prévoient que cette situation devrait perdurer pour au moins 5 à 6 jours. On peut donc espérer que les perturbations sur l’Est de l’océan suivent une trajectoire un peu NW qui les empêchent de toucher l’arc antillais. C’est d’ailleurs ce qu’anticipent aujourd’hui quasiment tous les modèles globaux.
Conclusion
La situation pourrait (je dis bien “pourrait”) être un moins pire pour l’arc antillais que ce que la carte du NHC laisse supposer. Il est d’une part évident que les risques de renforcement sont réels pour ces prochains jours, mais la situation globale en Atlantique peut permettre des trajectoires au nord de l’arc.
Il ne faut cependant pas prendre tout cela à la légère. Nous entrons dans la quinzaine statistiquement la plus active de la saison et les ondes vont sortir d’Afrique les unes derrières les autres. Et sur ce volume, il est envisageable que certaines se voient classées en cyclone dès ces prochains jours. Et au delà de 5/6 jours les prévisions globales perdant pas mal de leur pertinence, la possibilité que la situation change en terme de trajectoire ne peut être écartée.
On est qu’à la moitié de la saison et c’est la moitié qui voit généralement le moins de systèmes puissants sur le bassin, alors la prudence est de mise … mais sans sombrer non plus dans la paranoïa, même si les cartes sont anxiogènes !
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Crédits images ; Tropical Tidbits, NHC/Noaa, UW-CIMSS