Rappel: les informations et illustrations de ce site ne SONT PAS DESTINEES à la sauvegarde des biens et des personnes vis à vis des risques cycloniques. Pour ça, il vous faut suivre les infos et recommandations de votre préfecture pour la France et des autorités compétentes pour les autres territoires.
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Décidément, les Gonzalo sont des cyclones assez difficiles à prévoir et à anticiper. Même si celui-ci ne devrait pas créer autant de problèmes que celui de 2014 sur les Îles du Nord, il donne néanmoins des sueurs froides à tous les prévisionnistes, y compris les plus chevronnés.
Alors qu’il était encore en Invest avec 20% de risque de renforcement il y a 48h, il est aujourd’hui classé en tempête tropicale avec quelques signes d’organisation assez proche de la structure d’un ouragan. Le tout en longeant une poche d’air sec à son nord immédiat et en ingérant pas mal de poussière dans sa circulation. C’est pour le moins surprenant et personne ni aucun modèle n’avait anticipé un tel scénario.
Et au moment où tout le monde a commencé à se faire à l’idée qu’un ouragan allait bientôt voir le jour, il commence à montrer des signes de faiblesse dans son organisation depuis quelques heures.
Situation
La tempête Gonzalo demeure très compacte avec une convection profonde très regroupée autour de son centre. Sa position à 20h UTC était 9.9N par 45W avec un déplacement 22 kmh à l’ouest (270°). La pression estimée à 1000 hPa et l’intensité à 45 kts. Les estimations de vent par satellite (Ascat) étaient proches de 50 kts avec bien sûr des rafales bien plus fortes.
Intensité
Gonzalo a eu un renforcement assez régulier depuis 48h avec une organisation toujours en amélioration, et cela malgré l’air sec et le sable à son nord qui arrivent à s’infiltrer dans sa circulation. Il y a encore quelques heures les images satellite montraient un coeur assez robuste avec parfois un anneau central en formation sur l’imagerie microwave. Tout laissait à penser qu’une intensification rapide en ouragan était à attendre.
Les dernières images montrent cette fois-ci une circulation un peu plus erratique et une convection profonde un peu plus diffuse. Certaines images montrent parfaitement une entrée de sable et d’air sec par l’ouest dans sa circulation profonde, ce qui explique probablement ses difficultés actuelles. La question qui se pose dorénavant est de savoir à quel point la tempête pourra résister à cette brèche et poursuivre son intensification.
Il y a désormais 2 hypothèses qui s’affrontent chez les modèles de prévision. La première qui comprend le modèle SHIPS qui est le plus utilisé pour les prévision d’intensité et le modèle HWRF (modèle dédié au tracking des cyclones) envisage un renforcement continue jusqu’à l’arc antillais et un passage rapide au stade d’ouragan avec un maintien à 3 jours. Le HWRF est particulièrement agressif sur sa prévision d’intensité avec une pression à 970 hPa et plus de 80 kts de vent à proximité de la Barbade.
La seconde hypothèse est celle des modèles globaux tels le GFS, l’ECMWF et le NAVGEM qui voient plutôt un renforcement à court terme et un affaiblissement très marqué à 36/48h avec un retour au stade d’onde tropicale. Le NHC a choisi de se placer à mi-chemin avec un bref passage au stade d’ouragan et un retour en tempête pour le franchissement de l’arc antillais. C’est donc tout sauf clair ou consensuel !
Trajectoire
La trajectoire actuelle est plein ouest et devrait se maintenir jusqu’à jeudi/vendredi. Un consensus assez strict des modèles sur le sujet indique un passage sur la moitié sud de l’arc pour ce WE.
Il est assez étonnant et inhabituel de voir que ce consensus regroupe des modèles pourtant fortement opposés en terme de trajectoire. Ca dénote une véritable difficulté des modèles de prévision à lire correctement ce système.
Sa vitesse de déplacement demeure assez lente autour de 22 kmh mais devrait accélérer ces prochains jours.
Il est essentiel de tenir compte de la marge d’incertitude importante concernant la trajectoire de ce système. Sur cette carte la Martinique semble totalement hors de danger, mais à 72h cette marge d’incertitude demeure importante, largement au delà de 100 km. Il est donc nécessaire de rester prudents.
Environnement
L’environnement présente 2 visages totalement opposés. D’un côté de l’eau chaude (28° et plus) et un cisaillement très faible qui sont très propices au renforcement des cyclones et de l’autre de l’air sec et du sable qui sont au contraire pas du tout propice au renforcement. Toute la difficulté de la prévision et l’indécision des modèles tient à cette opposition des conditions. Il est à l’heure actuelle absolument impossible d’évaluer correctement le risque d’intensité que font peser ces conditions environnantes.
Conclusion
Comme c’est souvent le cas pour les premiers cyclones de la saison, Gonzalo est très difficile à lire et à prévoir. Il se trouve dans une zone où les conditions environnementales sont très contrastées et il est impossible de déterminer quelle sera son évolution dans ces conditions. Que ce soient les modèles les plus performants ou les prévisionnistes les plus réputés, tous sont assez dubitatifs devant ce système et personne n’est d’accord sur son avenir.
Dans un tel cas il n’y a qu’une solution pour pour les territoires sur sa trajectoire ou à proximité : être vigilants et commencer à se préparer au cas où le pire scénario deviendrait la réalité.
Pour suivre l’évolution en temps réel de ce système météo, c’est ici : Tempêtre tropicale Gonzalo
Crédits images ; Tropical Tidbits, NHC/Noaa, UW-CIMSS